Institut de Chimie Moléculaire et des Matériaux d'Orsay

     Les débuts de la chimie à Orsay s’étalent à la charnière des années 50-60. A cette époque, l’implantation de l’accélérateur linéaire avait fait d’Orsay le centre français de la physique nucléaire, et ce sont ces physiciens, qui, loin de se replier sur leur spécialité, souhaitaient s’entourer des autres spécialités scientifiques : non seulement les autres spécialités de la physique, mais également celles de la chimie, de la biologie et de la géologie. Cette vision non égoïste des "Physiciens-premiers-occupants" est certainement un des facteurs très positifs du développement de la chimie à Orsay, d’autant plus que par la suite, aussi bien dans les Conseils que sur le terrain, le soutien de la physique à la chimie ne s’est jamais démenti.

     Au tout début, Orsay est une succursale de la Sorbonne et ce sont des titulaires de la Sorbonne qui crée les enseignements (G. Pannetier, A. Michel, M. Chemla). Sous l’impulsion d’une nouvelle génération « indépendantiste » vis-à-vis des sorbonnards, les premiers bâtiments destinés à la recherche en chimie sont construits : le 350 pour la chimie-physique d’abord, puis le 410 pour la chimie organique et inorganique. Dès lors les spécialités qui feront le rayonnement d’Orsay sont installées. En chimie-physisque c’est l’étude des interactions rayonnement-matière qui se développe avec ses corollaires que sont les spectroscopies et la photochimie (M. Magat).  Du côté inorganique ce sont surtout la métallurgie (M. Lacombe) et la thermodynamique qui sont à l’honneur (Dodé, Guérin), tandis que la chimie organique débute par la synthèse organométallique (M. Fréon) et la chimie structurale (J. Jullien).

     Une nouvelle étape est franchie au début des années 70-80 avec l’explosion du nombre des étudiants. Le bâtiment 420 est construit et il accueille essentiellement des organiciens avec les spécialités produits naturels (M. Fétizon), carbocycles (J-M. Conia), Synthèse asymétrique (H. Kagan), sucrochimie (S. David), chimie bioorganique (A. Gaudemer) et chimie inorganique (O. Kahn). C’est aussi à cette époque que nous avons assisté à l’explosion de la chimie quantique (L. Salem, O. Eisenstein), véritable interface aujourd’hui irremplaçable entre toutes les disciplines de la chimie.

     C’est à l’instigation du regretté Olivier Kahn que sera créé en 1980 l’Institut de Chimie Moléculaire d’Orsay, fédération de recherche regroupant 6 unités associées au CNRS, désireuses de mettre en commun un plateau technique de niveau international et de travailler sur des thèmes transversaux porteurs : interface chimie-biologie, synthèse biomimétique, chimie bio-inorganique, catalyse et spectroscopie.